Une aventure sauvage dans les Alpes du Sud
Si tu es animé(e) par une soif d’authenticité et de nature brute, alors le Tour du Mercantour risque de devenir ton prochain coup de cœur. Niché entre les Alpes-Maritimes et les Alpes-de-Haute-Provence, aux portes de l’Italie, ce trek est une parenthèse entre lacs glaciaires, marmottes facétieuses, et crêtes vertigineuses. Une immersion totale dans l’arrière-pays sauvage, loin des sentiers trop battus.
Je m’y suis lancée un peu sur un coup de tête (comme souvent !), sac sur le dos, baskets cramponnées et envie de silence. Ce que j’ai trouvé ? Une expérience qui m’a remise les idées en place, des panoramas à couper le souffle et des bivouacs sous un ciel cousu d’étoiles. Et puisque tout ça mérite d’être partagé, voici mes conseils pour te créer ton propre trek inoubliable autour du parc national du Mercantour.
Pourquoi choisir le Tour du Mercantour ?
Le Tour du Mercantour, ce n’est pas un seul itinéraire figé. C’est une constellation de sentiers reliés, adaptable selon ton niveau, ton temps ou ton humeur. Il flirte avec la frontière italienne à plusieurs reprises, traverse le mythique parc national du Mercantour et t’emmène découvrir des villages perchés et des vallées presque oubliées du reste du monde.
Et surtout, il y règne quelque chose de rare : une densité d’émotions. Une minute tu grimpes à travers les mélèzes auréolés de lumière dorée, la suivante tu tombes sur des gravures rupestres millénaires dans la Vallée des Merveilles. C’est un bout d’Europe étonnamment sauvage… et si accessible.
Quel est le meilleur moment pour partir ?
De mi-juin à mi-octobre, les conditions sont les plus clémentes. En juillet, les alpages sont en fleurs — j’ai dû m’arrêter 20 fois par jour rien que pour photographier les tapis de fleurs violettes comparables à ceux d’un conte de fées. Mais attention, certaines étapes peuvent encore garder des névés (ces plaques de neige persistante) début juin.
Sache que le mois de septembre est un vrai bijou : moins fréquenté, plus frais, et les couleurs d’automne commencent à embraser les sommets.
Combien de jours prévoir ?
Là encore, c’est à la carte. Le grand tour classique fait environ 150 kilomètres pour 9 à 12 jours de marche. Mais il est tout à fait possible de faire une boucle plus courte sur 3 à 5 jours, en te concentrant par exemple sur :
- La Vallée des Merveilles et le lac de la Minière
 - Le Cians et ses roches rouges martiennes
 - Le secteur de la Gordolasque, spectaculaire et préservé
 
Pour ma part, j’ai opté pour un itinéraire de 8 jours, en autonomie partielle avec quelques nuits en refuge (parce que oui, la douche chaude après deux jours en autonomie, c’est un Graal !).
Les étapes incontournables du Tour du Mercantour
Voici quelques étapes phares à intégrer dans ton parcours selon tes envies :
- Sospel – Camp d’argent : une mise en jambe entre villages pittoresques et alpages peuplés de brebis. Parfait pour s’échauffer en douceur.
 - La Vallée des Merveilles : un véritable musée à ciel ouvert. Des milliers de gravures préhistoriques sur les dalles de pierre rouge. Prends un guide local si tu veux plonger dans les secrets de ces vestiges fascinants.
 - Lac d’Allos : carte postale aquatique. À 2 200 mètres d’altitude, c’est le plus grand lac naturel d’altitude d’Europe.
 - Col de la Cayolle : passage spectaculaire entre deux vallées. On se sent tout petit face aux géants de pierres.
 - Le Boréon : point de rencontre entre l’ours, le loup (au parc Alpha hé oui !) et le trekkeur éreinté — et aussi parfait pour ravitailler un peu.
 
Le charme du Mercantour réside dans ces contrastes : forêts de pins noirs, gorges profondes, altitudes arides… et toujours, cette sensation que derrière la crête suivante, une surprise t’attend.
Bivouac ou refuge ?
Tu peux varier les plaisirs :
- En mode bivouac : autorisé uniquement entre 19h et 9h dans le cœur du parc national, à plus d’une heure de marche des routes. Respect total des lieux exigé (évidemment !). J’ai planté ma tente près du lac de Rabuons sous un ciel orangé… magique. Attention au vent, il adore danser sur les crêtes !
 - En refuge : il y en a un bon nombre bien répartis, la plupart d’un confort sommaire mais chaleureux, et souvent avec des hôtes… inoubliables. Les refuges de Nice ou de la Cougourde sont des perles. Petite astuce : réserve tôt en été !
 
Préparer ton sac : la check-list essentielle
Voici les indispensables que j’emmène toujours avec moi :
- Chaussures de marche déjà rodées (merci les ampoules du premier jour…)
 - Sac de couchage adapté aux nuits fraîches (même en juillet, j’ai dormi à 2°C une nuit)
 - Carte IGN papier et application GPS (trois c’est mieux que pas du tout)
 - Astuces multilames, cordelette, et petite trousse de secours
 - Jumelles : pour admirer les chamois qui se la coulent douce sur les pentes
 - Gourde filtrante ou pastilles purifiantes — les sources sont nombreuses, mais mieux vaut être prudent
 - Une petite surprise gourmande (chocolat, noix de cajou toastées…) parce qu’on se le doit bien !
 
Et surtout : moins, c’est mieux. Mon premier sac pesait 17 kg… je l’ai regretté à la première montée.
Orientation : se repérer sereinement
Le balisage sur le Tour du Mercantour est assez bien fait, notamment avec les sentiers GR et les marques blanches et rouges. Mais en altitude, les balises peuvent être effacées ou absentes. Je recommande vivement d’avoir une carte en format papier (les cartes IGN 1/25000 série 3741OT et 3741ET couvrent bien le secteur) et une appli comme Visorando ou AllTrails en complément.
Certains sentiers, notamment autour des lacs de haute montagne, peuvent être confondants à cause de la roche et du brouillard. En cas de doute, on fait demi-tour ou on attend une accalmie. La montagne ne se négocie pas.
Budget prévisionnel d’un trek dans le Mercantour
Bonne nouvelle : c’est un trek tout à fait accessible aux petits budgets, comme je les aime !
- Bivouac : gratuit, évidemment
 - Refuge : 15 à 25 € la nuit en dortoir (hors repas), environ 40 à 50 € avec demi-pension
 - Transports : trains jusqu’à Nice, puis bus ou stop vers les villages d’entrée du parc
 - Ravitaillement : prévois le maximum à l’avance, les villages sont rares sur certaines sections
 
Mon trek de 8 jours m’a coûté environ 250 € tout compris, sans me priver, c’est dire !
Se rendre au départ du trek
Plusieurs points d’entrée existent. Parmi les plus pratiques :
- Saint-Dalmas-de-Tende : accessible en train depuis Nice, parfait pour démarrer vers la Vallée des Merveilles
 - Refuge de la Madone de Fenestre : accessible via la vallée de la Vésubie, notamment en bus depuis Nice via Saint-Martin-Vésubie
 - Le Boréon ou Estenc : bons points de départ si tu veux attaquer par l’ouest
 
Personnellement, j’ai commencé à Saint-Martin-Vésubie, un petit bijou montagnard où l’on te sert encore le café avec un sourire et une goutte de Génépi. La vraie vie !
Petites anecdotes pour la route
Un soir de bivouac, mon sac de nourriture s’était mystérieusement déplacé pendant la nuit. Avec une trace de museau tout autour… Renard curieux ou loup farceur ? Je ne saurai jamais. Une chose est sûre : garde toujours ta nourriture dans un sac étanche bien attaché, et à l’écart de la tente !
Et ce monsieur croisé près du col de Salèse, à 70 ans passés, qui trek tous les étés avec sa fille depuis 20 ans… il m’a inspirée. “Le Mercantour m’a appris à vieillir librement”, m’a-t-il confié. Je crois que je m’en souviendrai toute ma vie.
L’essentiel à retenir
Le Tour du Mercantour, c’est plus qu’un trek : c’est un voyage intérieur et extérieur. Un plongeon dans une nature encore libre, parfois rude, mais toujours généreuse. Que tu parcours 3 jours ou 10, seule ou accompagné(e), avec ou sans ampoules, tu y trouveras ce que je trouve dans chaque pas : cette sensation euphorique d’être là, pleinement.
Alors, sac prêt ? Bottes lacées ? Le Mercantour t’attend…
