Une rencontre inattendue : les phoques du Crotoy
Il y a des expériences de voyage qui s’impriment dans la mémoire comme un cliché polaroïd un peu flou, mais chargé d’émotion. Voir des phoques en liberté au cœur de la Baie de Somme, au Crotoy, en est une. J’ai longtemps rêvé de ce moment, quand on marche entre mer et ciel, dans cette lumière douce si propre aux côtes picardes, et que soudain… une tête moustachue émerge de l’eau, les yeux pétillants de curiosité.
Dans cet article, je vous emmène en balade dans la Baie de Somme à la rencontre de ses habitants les plus célèbres : les phoques veaux-marins et les phoques gris. Si vous rêvez d’un moment suspendu entre nature préservée et émerveillement simple, suivez-moi…
Pourquoi le Crotoy est le meilleur spot d’observation ?
Le Crotoy, charmant village de pêcheurs au nord de la Baie de Somme, offre bien plus que ses ruelles fleuries et ses cabanes aux volets bleus. C’est l’un des meilleurs points d’observation pour voir les colonies de phoques dans leur habitat naturel.
La raison ? Une configuration parfaite : la baie forme ici un vaste estran (espace découvert à marée basse) où les phoques viennent se reposer, se réchauffer au soleil et élever leurs petits. Ils profitent ainsi de ces étendues paisibles, avec suffisamment de distance pour se sentir en sécurité… mais assez proches pour être admirés depuis la berge.
Et bonne nouvelle : pas besoin de partir en expédition extrême ni de louer un bateau. Ici, une bonne paire de jumelles, une marée bien choisie et un bon guide (ou un brin de chance !) suffisent pour vivre une rencontre émouvante.
Quand observer les phoques en Baie de Somme ?
Pas besoin d’attendre l’été indien pour apercevoir les phoques. On peut les observer toute l’année, mais certaines périodes offrent de meilleures conditions :
- Printemps et été : période des naissances et de l’élevage des petits. Les phoques sont nombreux et souvent visibles sur les bancs de sable.
- À marée basse : c’est là qu’ils viennent se reposer sur les bancs sablonneux. Consultez les horaires des marées (disponibles en ligne ou à l’office du tourisme) pour ne pas rater le rendez-vous !
- En matinée ou en fin d’après-midi : lumière plus douce, moins de monde, et ambiance magique garantie.
Lors de ma dernière visite, c’était au cœur d’un mois d’août étonnamment doux, un moment suspendu où la mer se retirait lentement, découvrant des langues de sable doré… et, là, à une centaine de mètres : des phoques, tranquilles, comme s’ils posaient pour moi.
Comment s’y prendre pour bien les voir ?
L’option la plus simple (et la plus responsable) reste l’accompagnement par un guide naturaliste. Ces professionnels connaissent les habitudes des phoques, les zones sûres et surtout les bonnes pratiques pour ne pas les déranger. On découvre mille anecdotes fascinantes sur leur mode de vie, leur alimentation ou leur communication (saviez-vous que les phoques peuvent dormir dans l’eau… en apnée ?!).
Des sorties organisées sont proposées au départ du Crotoy, de Saint-Valery-sur-Somme ou encore de la Pointe du Hourdel. La marche se fait généralement sur un sol mêlé de sable et de vase : prévoyez donc des chaussures que vous n’aimez pas trop (ou même pieds nus si vous aimez la sensation).
Les bons réflexes pour une observation respectueuse
Observer des animaux sauvages, c’est un privilège. Et ce privilège vient avec une règle d’or : ne pas les déranger. Alors on évite de s’approcher trop près, de crier ou de les surprendre. Voici quelques conseils à garder en tête :
- Garder une distance minimale de 200 mètres. Les phoques, s’ils se sentent menacés, fuient immédiatement vers l’eau. Ce stress répété peut avoir des conséquences sur leur santé et sur la survie des petits.
- Utiliser des jumelles ou un téléobjectif pour les voir de près… sans l’être !
- Ne pas couper leur accès à l’eau : ils doivent toujours avoir une issue libre vers la mer.
- Pas de chien, même en laisse sur les zones d’observation principales. Les animaux peuvent les percevoir comme des prédateurs.
Il m’est arrivé, lors d’une balade guidée, de voir un petit groupe de promeneurs prendre un raccourci par la bande de sable où reposaient les phoques. Résultat : fuite panique. Heureusement, le guide a pu sensibiliser le groupe, mais cela m’a rappelé combien notre simple présence peut tout changer.
Un coin de France entre ciel, terre et mer
Ce que j’aime profondément dans la Baie de Somme, c’est cette sensation d’être hors du temps. Ici, l’horizon est vaste, les marées dictent le rythme du monde, et chaque pas dans la vase (oui, l’expérience sensorielle est garantie aussi !) nous rapproche d’un mode de vie à l’écoute du vivant.
Après une matinée passée à observer les phoques, rien de tel qu’une pause sur la plage du Crotoy, un café à la main, cheveux encore salés du vent. Les maisons colorées s’alignent en éventail face à la mer, et le soleil teinte le ciel d’orangé. On oublie le portable, les mails, la logistique. On est simplement là.
Infos pratiques pour préparer votre escapade phoque-friendly
- Durée de balade : Les randos d’observation durent environ 2h30 à 3h. Le rythme est doux, donc accessible même aux familles avec enfants.
- Prix : Environ 15 à 20 € par personne pour une sortie guidée. Pensez à réserver en avance, surtout en haute saison.
- Tenue recommandée : Bottes ou chaussures de randonnée (imperméables, c’est mieux !), coupe-vent, et une petite bouteille d’eau dans le sac.
- Où se renseigner : L’office de tourisme de la Baie de Somme est une véritable mine d’infos. Il propose aussi des cartes, des horaires de marée et des contacts de guides locaux passionnés.
- Respect de l’environnement : Pas de déchets laissés derrière soi, bien évidemment ! On fait aussi attention à rester sur les sentiers balisés pour ne pas endommager les zones sensibles.
Et si le Crotoy vous ouvrait plus que ses paysages ?
Observer les phoques, oui. Mais rester pour le charme du Crotoy, c’est une évidence. Ce village a ce je-ne-sais-quoi d’authenticité tranquille. On y mange des moules-frites en terrasse, on flâne le long du quai bordé de maisons Belle Époque… et on y découvre que l’évasion peut parfois se trouver à deux heures de train de Paris.
Petit bonus pour les amateurs de patrimoine : le Crotoy fut la résidence temporaire (rien que ça) de Jules Verne et de Colette. Et croyez-moi, la plume s’aiguise autrement face à cette baie mouvante.
Alors, la prochaine fois que vous cherchez une escapade à la fois ressourçante, accessible et riche de sens, pensez au Crotoy. Il y a des endroits comme celui-là où la nature chuchote ses secrets… à condition de savoir écouter.