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La Gomera Canaries : découvrir l’île nature entre forêt de nuages et randonnées

La Gomera Canaries : découvrir l’île nature entre forêt de nuages et randonnées

La Gomera Canaries : découvrir l’île nature entre forêt de nuages et randonnées

Quelque part sur la carte des Canaries, entre l’agitation de Tenerife et la douce quiétude d’El Hierro, se cache une île suspendue entre ciel et mer : La Gomera. Peu connue du grand public, elle est pourtant un joyau brut pour les amoureux de nature, de randonnées et de traditions préservées. Une île qui ne se dévoile qu’à ceux qui prennent le temps de l’explorer en profondeur. Et croyez-moi, vous allez en tomber amoureux… comme moi.

Un bout du monde au parfum d’authenticité

La Gomera, c’est un retour à l’essentiel. À peine débarquée du ferry depuis Los Cristianos (Tenerife), j’ai senti une énergie plus lente, presque méditative. Ici, pas de complexes touristiques tapageurs ni de plages invivables. À la place ? Des villages perchés comme Agulo ou Hermigua, des sentiers qui serpentent dans une nature exubérante, et des habitants qui prennent encore le temps de vous saluer avec un sourire franc. À moins de deux heures de vol de l’Espagne continentale, cette île a pourtant l’air d’un monde à part.

C’est le spot rêvé pour ceux qui fuient les foules, pour les rêveurs, les randonneurs, les amoureux de la terre, et tous ceux dont le cœur bat un peu plus vite en humant l’air d’un sentier forestier après la pluie. Oui, La Gomera est une île nature, une île ressource.

À la découverte du parc national de Garajonay : la forêt enchantée

Difficile de parler de La Gomera sans évoquer le Parc national de Garajonay, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. C’est un monde suspendu dans la brume, où les arbres millénaires de la forêt de lauriers (la laurisylve) s’élèvent comme des bras vers le ciel. Le matin, la brume enveloppe les troncs couverts de mousses, et on se croirait dans un conte féérique. Il paraît même que certaines zones de cette forêt existent depuis l’ère tertiaire… oui, rien que ça.

Armée de bonnes chaussures et d’un pique-nique local (je vous recommande le fromage de chèvre fumé de Vallehermoso), je me suis aventurée sur plusieurs sentiers balisés. Parmi mes favoris :

  • La randonnée El Cedro – Une boucle facile et verdoyante au départ d’Hermigua, qui vous emmène à la rencontre d’un petit ermitage perdu dans les bois. Le murmure de l’eau, la fraîcheur de la canopée… une expérience presque méditative.
  • La Fortaleza de Chipude – Pour les plus courageux, c’est une ascension vers un plateau mystique, utilisé jadis comme lieu de culte par les anciens Guanches. Vue imprenable sur les vallées depuis le sommet, avec ce petit goût d’avoir touché le ciel.
  • Alto de Garajonay – Le sommet de l’île ! Accessible depuis plusieurs points dont Pajarito, ce sera votre poste d’observation idéal si la mer de nuages décide de faire son apparition… inoubliable.

Petit conseil : partez tôt le matin, avant que les nuages n’envahissent la cime des arbres. Et prenez toujours une petite laine, car à 1400 mètres, le climat peut surprendre même en plein été.

Entre mer et terrasses cultivées : le charme authentique des villages

L’un des plaisirs simples à La Gomera, c’est aussi de flâner dans ses villages. Ici, l’agriculture en terrasses transforme les montagnes en œuvres d’art vivantes. À Hermigua ou Agulo, les bananiers ondulent au vent, les cultures d’aloe vera s’étendent à perte de vue, et au détour d’une ruelle, on croise une grand-mère qui cueille ses fruits à la main.

Agulo, surnommé « El bombón de La Gomera » (le bonbon de La Gomera), m’a particulièrement charmée avec ses ruelles pavées, ses façades colorées et sa vue dégagée sur l’océan Atlantique et le Teide au loin. Si vous avez le vertige du beau, rendez-vous au mirador de Abrante : une plateforme vitrée suspendue au-dessus du vide qui donne l’impression de voler entre deux mondes. Le café du mirador n’est pas donné, mais pour une boisson avec vue panoramique sur l’Atlantique… c’est un luxe que je me suis permis sans culpabilité.

Des traditions qui chantent dans le vent

Plus qu’un refuge naturel, La Gomera est aussi une île fière de son identité. Vous y entendrez peut-être un son étrange qui vrille l’air entre deux montagnes… Pas une hallucination, mais le silbo gomero, une langue sifflée classée au patrimoine immatériel de l’humanité ! Profondément enraciné dans l’âme de ses habitants, ce mode de communication ancestrale permettait de transmettre des messages d’une vallée à l’autre. Des écoles l’enseignent encore aujourd’hui, et si vous en avez l’occasion, assistez à une démonstration : c’est fascinant.

Un paradis pour les voyageurs à petit budget

Voyager à La Gomera ne coûte pas (trop) cher, à condition de jongler un peu avec les options.

  • Logement : Oubliez les resorts et privilégiez les casas rurales ou les appartements chez l’habitant. J’ai eu un véritable coup de cœur pour une petite maison dans la vallée de Valle Gran Rey, avec vue sur les falaises et un hôte qui laissait une corbeille de fruits fraîchement cueillis à ma porte chaque matin.
  • Transport : L’île possède un réseau de bus (guaguas) plutôt bien organisé, mais pour explorer toutes ses facettes, mieux vaut louer une voiture. Les routes sont sinueuses mais bien entretenues, et chaque virage révèle un nouveau panorama à couper le souffle.
  • Restauration : Les petits “guachinches” (cantines familiales) sont vos alliés ! On y mange un poisson frais grillé accompagné de papas arrugadas (pommes de terre ridées) pour moins de 10€. En dessert ? Une part de bienmesabe (crème d’amande), et vous roulerez jusqu’à votre lit !

Entre ciel, mer et volcans : s’émerveiller encore et toujours

Si vous pensiez que La Gomera était uniquement une île verte, détrompez-vous. En rejoignant la côte sud, autour de Playa de Santiago ou Valle Gran Rey, les paysages deviennent plus secs, les plages plus accueillantes, et les couchers de soleil d’une intensité presque irréelle. Prenez un moment pour regarder le soleil tomber derrière le volcan Teide de l’île voisine de Tenerife, il n’y a pas de plus belle carte postale.

J’y ai passé une soirée à discuter avec un couple d’Italiens installés ici depuis dix ans. « On est venus pour une semaine, on n’est jamais repartis. » Je les comprends. Il y a dans l’air de La Gomera quelque chose qui vous enlace doucement, vous murmure de rester, juste un jour de plus… puis un autre.

Quelques astuces avant de partir

  • Quand partir ? La Gomera se visite toute l’année. L’hiver est doux, l’été modéré. Pour éviter la foule (même si elle est relative ici), préférez les saisons intermédiaires : avril-mai ou septembre-octobre.
  • Comment y accéder ? Prenez un vol pour Tenerife Sud, puis un ferry depuis Los Cristianos (environ 1h). Naviera Armas et Fred Olsen sont les deux compagnies principales.
  • Respecter l’environnement : C’est un sanctuaire naturel, alors soyez un voyageur responsable : pas de déchets, ne sortez pas des sentiers de randonnée, et privilégiez les fournisseurs locaux.

La Gomera ne se visite pas, elle se vit. Elle s’écoute, se goûte, se respire. C’est une parenthèse suspendue pour ceux qui osent ralentir, marcher, se reconnecter. Que vous soyez adepte de grandes randonnées, de baignades sauvages ou simplement en quête de poésie brut, cette île vous accueillera les bras grands ouverts… tout comme elle l’a fait pour moi. Et qui sait, peut-être que vous aussi, vous resterez un peu plus longtemps que prévu.