Arcalod : un sommet sauvage au cœur du massif des Bauges
Certaines randonnées ne se contentent pas de tester vos mollets : elles vous marquent, elles vous parlent. L’Arcalod, c’est un peu ça pour moi. Un défi sportif, certes, mais surtout une immersion totale dans un espace brut et majestueux. Culminant à 2 217 mètres, l’Arcalod est le point culminant du massif des Bauges, en Savoie. Et même si les Alpes regorgent de géants plus célèbres, celui-là a un charme farouche, une aura de montagne secrète, presque intimidante.
Au départ, ce sommet m’intimidait. Pas tant pour ses pentes raides ou ses passages techniques, mais parce que peu de monde en parle. Et pourtant, il offre l’une des randonnées les plus exaltantes que j’ai faites ces dernières années. Vous embarquez avec moi pour une exploration intense du toit des Bauges ?
Avant de partir : tout ce qu’il faut savoir
L’Arcalod n’est pas une promenade tranquille. C’est une rando alpine, engagée, avec passages escarpés, câbles et parfois névés tardifs. Avant de tenter l’ascension, assurez-vous d’avoir :
- Une bonne condition physique : 1 200 m de dénivelé positif, ça pique !
- Un pied sûr : certains ressauts exigent de poser les mains.
- Une météo au top : par temps humide, les rochers peuvent devenir glissants et dangereux.
- De l’eau en suffisance : il n’y a pas de point d’eau sur le chemin.
- Une carte IGN ou une trace GPX – même si le sentier est balisé, certains sentiers dans les Bauges se croisent parfois de manière confuse.
Le meilleur moment pour s’y aventurer ? Entre juin et septembre, lorsque la neige a disparu et que les éboulis sont plus sûrs. Attention en début de saison, les névés peuvent encore barrer le passage sous le sommet.
Choisir son itinéraire : deux voies vers le sommet
Il existe plusieurs itinéraires pour atteindre le sommet de l’Arcalod, mais deux variantes principales s’offrent aux randonneurs aguerris :
Par le col de Chérel
C’est probablement l’itinéraire le plus fréquenté (enfin, tout est relatif en terrain bauju !). Le départ se fait depuis le parking du Cul du Bois, au-dessus de Jarsy. Une longue montée progressive vous amène d’abord au col de Chérel, via des alpages somptueux et souvent traversés par des vaches curieuses. Ensuite, ça se corse. Le sentier bifurque vers le nord et remonte une arête étroite, équipée par endroits de câbles. L’ambiance devient très alpine, très brute. Verticale, même.
Par la Combe d’Arclusaz
Moins balisé, plus sauvage, cet itinéraire s’adresse aux randonneurs expérimentés. Plus long, il offre des panoramas exceptionnels sur la chaîne des Aravis et une solitude presque totale. On accède à la combe depuis École-en-Bauges, en remontant à travers forêts et pâturages avant d’atteindre une sente raide vers le sommet. Une alternative à envisager si vous cherchez l’authenticité d’une montagne loin des foules (déjà peu nombreuses ici…).
L’ascension : entre défi physique et orgasme visuel
Je me souviens encore des derniers mètres avant le sommet. Le souffle court, les cuisses en feu, un silence à peine troublé par le vent… Et puis soudain, cette vue. Une mer de sommets à perte de vue : Bauges, Aravis, Belledonne, Chartreuse et, si le ciel est clair, le Mont Blanc qui joue à cache-cache derrière les nuages. Le moment était presque irréel. Assise là-haut, chaussures poussiéreuses et front ruisselant, je me suis sentie minuscule… et invincible.
L’ultime portion, justement, demande concentration et assurance. Il y a quelques passages câblés où il faut grimper à l’aide des mains. Rien d’insurmontable pour les randonneurs aguerris, mais pas à prendre à la légère. Un casque peut même être utile en cas de rencontre avec des blocs instables (ou de chamois espiègles au-dessus !).
Mais une fois au sommet, le monde s’ouvre. Les 360 degrés de panoramas se suffisent à eux-mêmes. Et si vous avez la chance, comme moi, d’y croiser un vol de chocards ou même un gypaète majestueux, l’instant devient magique.
Les Bauges, un massif discret mais spectaculaire
Si vous ne connaissez pas encore le massif des Bauges, sachez qu’il mérite à lui seul un road trip en Savoie. Moins prisé que les grands massifs alpins, ce parc naturel régional regorge de trésors naturels et de villages suspendus dans le temps. Des fromages savoureux (le fameux Tome des Bauges !), des artisans passionnés, des cascades rafraîchissantes et surtout, une nature préservée, presque confidentielle.
Ce qui frappe ici, c’est l’authenticité. L’absence de remontées mécaniques, l’air pur, les sommets acérés, les combes oubliées… randonner dans les Bauges, c’est flirter avec le sauvage, le vrai. Et l’Arcalod est son joyau le plus brut.
Petit topo matériel et astuces de randonneuse
Voici ce que j’ai mis dans mon sac pour cette rando, après quelques essais – et erreurs :
- Chaussures de rando à tige haute : essentielles pour ce terrain accidenté.
- Bâtons de randonnée : utiles à la montée et surtout à la descente pour soulager les genoux.
- Gants légers : pour mieux agripper les câbles sans malmener les mains.
- Veste coupe-vent et polaire : même en plein été, les températures peuvent être fraîches là-haut.
- Crème solaire et lunettes : l’exposition est forte sur les crêtes.
- Une bonne ration d’encas : noix, barres énergétiques, et pour moi, une part de cake maison aux fruits secs (le carburant ultime !).
Petit conseil : partez tôt le matin. Le sentier est long, surtout si vous aimez prendre votre temps (comme moi) pour admirer les fleurs, saluer une marmotte ou tout simplement reprendre votre souffle.
Une nuit dans les alpages ? Mon expérience en bivouac
Si l’idée de bivouaquer sous les étoiles vous séduit, sachez qu’il est tout à fait possible d’installer votre tente du côté des alpages du col de Chérel, à quelques mètres du sentier. J’y ai planté mon bivouac lors de ma deuxième tentative de l’Arcalod, après avoir été bloquée par un orage quelques jours avant. Nuit fraîche, légère odeur d’herbe coupée, et cette sensation unique de dormir au pied des géants… Magique.
Veillez simplement à respecter les règles du bivouac : pas plus d’une nuit au même endroit, installation après 19 h et départ avant 9 h. Et bien sûr, ne laissez aucune trace de votre passage : les montagnes vous remercieront.
Envie de pousser plus loin l’aventure ?
L’Arcalod pourrait bien être le point de départ d’un séjour dans les Bauges. Voici quelques idées pour prolonger le plaisir :
- Le mont Pécloz : autre sommet emblématique, également exigent, qui offre une belle complémentarité.
- La cascade du Pissieu : pour une pause rafraîchissante en fond de vallée.
- Une visite chez un producteur de Tomme des Bauges : après l’effort, le réconfort.
- Le petit village d’École : un hameau charmant, point de départ de plusieurs randos.
Et pourquoi ne pas envisager un road trip itinérant à travers les Bauges ? Louer un van ou équiper votre voiture, enchaîner les randonnées, les lacs et les petits marchés… Franchement, c’est le combo parfait. Moi, je rêve déjà de revenir pour explorer le Trélod ou camper au bord du lac de La Thuile.
L’appel des cimes… et du silence
Dans un monde où tout va vite, l’Arcalod m’a offert ce que je cherchais : du silence, du vrai. Pas celui du vide, mais celui qui résonne entre deux crêtes. Une respiration du monde qui vous recentre, vous allège. Si vous aimez les défis sportifs, les panoramas à couper le souffle et cette communion presque mystique avec la nature, alors cette randonnée est faite pour vous.
Et vous ? Avez-vous déjà entendu parler de l’Arcalod ? Prêt(e) à troquer vos baskets urbaines pour une bonne paire de rando et partir embrasser les cimes bauju ? Laissez un commentaire, je serai ravie de lire vos récits, vos doutes et peut-être, vos futures envies de sommet.
À bientôt, là-haut !
— Lana 🌿
